Le Nord du Kosovo, prochain champ de bataille ?


Rédigé par le Dimanche 25 Décembre 2022

Alors que le conflit russo-ukrainien dure depuis 10 mois et ne semble pas prêt de prendre fin, des signes inquiétants d’une potentielle déflagration armée opposant la Serbie au Kosovo émanent des Balkans.



Écouter le podcast en entier :


Depuis le 10 décembre, les Serbes du Nord du Kosovo, sont entrés en quasi-insurrection contre les autorités kosovares. Des barrages érigés par les manifestants serbes empêchent tout trafic avec le reste du Kosovo.

Pristina y a déployé des renforts de police, outre le renforcement de la présence de la force de l’Otan au Kosovo, la Kfor, et de celles de sécurité de l’Union européenne, dans le cadre de la mission Eulex Kosovo.

Les autorités de Belgrade, qui ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo, déclaré en février 2008, ont également demandé le déploiement d’un millier de policiers au Nord de cette province sécessionniste à la Kafor, en application de la résolution 1224 du Conseil de sécurité de l’Onu. Sans réponse jusqu’à présent.

La premier ministre serbe, Ana Brnabic, a déclaré, le 21 décembre, que suite à cette nouvelle flambée des tensions au Nord du Kosovo, la province sécessionniste était, encore une fois, « au bord du conflit armé ».

Rivalités ethno-religieuses

Sur les 1,8 millions des habitants du Kosovo, majoritairement des Albanais musulmans, 120.000 sont des Serbes chrétiens orthodoxes. Un tiers d’entre eux réside au Nord du Kosovo.

Début novembre, tous les membres serbes du parlement du Kosovo, ainsi que les agents de police serbes, ont présenté leur démission, pour dénoncer les tentatives de Pristina de prendre le contrôle du territoire Nord.

Il est à rappeler que le Kosovo, dont la majorité albanaise est entrée en sécession de l’ex-Yougoslavie en 1991, puis en insurrection armée en 1997. En mars 1998, l’armée yougoslave affronte directement les rebelles albanais musulmans de l’Uck, ce qui a provoqué l’intervention de l’Otan contre les troupes de Belgrade, en mars 1999. En 2008, le Kosovo a unilatéralement déclaré son indépendance.
 
Le Kosovo est reconnu par une centaine de pays sur les 193 Etats membres des Nations Unies, mais ni par la Russie, ni par la Chine, membres du Conseil de sécurité de l’Onu, ce qui empêche sa reconnaissance officielle et son adhésion à l’Onu et à l’Union européenne.

Le Kosovo est, néanmoins, membre du FMI, de la Fifa et du Comité olympique international. Le régime de Pristina ne vit que d’aides internationales et le principal employeur au Kosovo est la base militaire américaine de Bondsteel.

Le lointain allié russe

En Serbie, la population fait pression sur son gouvernement pour protéger leurs coreligionnaires au Nord du Kosovo, mais Belgrade craint que le moindre mouvement de ses troupes n’entraîne une nouvelle campagne de frappes aériennes contre le pays, comme en 1999.

Le seul soutien sur lequel peut compter Belgrade est celui de Moscou, par solidarité ethnique, entre Slaves, et religieuse, entre Chrétiens orthodoxes, sauf que la Russie est, géographiquement, située plutôt loin de la Serbie.

Le chef du gouvernement kosovar, Albin Kurti, semble, toutefois, bien décidé à profiter de l’opportunité de la confrontation entre la Russie et l’Otan, par Ukraine interposée, pour prendre le contrôle du Nord du Kosovo.

La seule partie capable d’empêcher le déclenchement des hostilités entre la Serbie et le Kosovo, pour éviter d’avoir à absorber une nouvelle vague de réfugiés, est l’Union européenne.

Il n’est, cependant, pas certain que les dirigeants politiques des pays de l’Ue aient le courage de s’opposer à la volonté des Etats-Unis de se venger de la Russie en cherchant l’occasion de frapper durement la Serbie. 




Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 25 Décembre 2022
Dans la même rubrique :